La vie en couleur

entete article la vie en couleur Confidences VcommeSamedi

Très tôt, j'ai voulu mettre de la couleur dans ma vie. 
Dans ma tête et sur les murs. 
Sur les mots et les objets.

 

Toute petite déjà, j’aimais la couleur. Après tout, quoi de plus normal pour une enfant ?
Néanmoins, avec le recul, je réalise qu’il s’agissait d’autre chose qu’un simple attrait : la couleur m’était - et m’est toujours - essentielle. Elle est une composante de moi-même, de ma personnalité, de mon existence tout entière, de ma façon de voir et de vivre la vie.
Mais il m’en a fallu du temps avant de prendre conscience de tout cela et de laisser à la couleur la place qu’elle tentait de prendre depuis toujours - et que j’ai eu tant de mal à assumer.
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Les couleurs de mes souvenirs


Lorsque je me replonge dans mon passé d’enfant et pense à un instant, une personne ou un lieu, la couleur surgit. Inévitablement.

Chaque souvenir a une couleur. Parfois plusieurs.

Le rouge de mes bottes en caoutchouc que je ne voulais pas quitter - même quand elles ne furent plus à ma pointure. Fait bien étrange d'ailleurs : à part ces bottes, aucun attribut rouge n'a jamais trouvé grâce à mes yeux.
Le gris clair de mon doudou.
L’orange de la 2CV de mes parents.
Le bleu roi de l’Ami 8 de mon grand-père paternel.
Le bleu marine de mon pull favori.
L’écru d’un couvre-lit en crochet.
Le gris souris du gros porte-monnaie en cuir de ma grand-mère maternelle.
Le miel de l'osier de mon coffre à jouets.
article la vie en couleurs bouteilles de verre bleues confidences VcommeSamediLe rouge pompier et le vert vif sur les pastilles des semelles de mes chaussures.
Le vert électrique d’une moquette rase sous laquelle mon chat avait fait glisser de petites tortues à cause d’une barre de seuil manquante.
Le jaune pâle de la cafetière émaillée de ma grand-mère paternelle.
Le doré du cadre d’un portrait au fusain de ma mère.
Le brun d’un cartable en cuir acheté à Cordes-sur-Ciel.
Le rose fané d’une faïence de salle de bain.
Le blanc rosé des gousses d’ail suspendues.
Le rouge des meubles de cuisine que ma grand-mère avait chinés puis repeints.
Le bleu des bouteilles en verre que collectionnait un de mes oncles.
Le rose des briques d’Albi et de Toulouse.

Et tellement d’autres couleurs encore.

C’est grâce à la couleur que je me souviens.
C’est avec la couleur que je me raconte.
C’est par la couleur que ressurgissent des images et des émotions.

Et c’est en couleur que je me suis construite.

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De la couleur partout


Dès mon plus jeune âge, la couleur me parlait. Elle m’attirait. Elle me fascinait. Elle m’intriguait. Elle me surprenait. Elle m’apaisait. Elle me donnait le sourire. Elle me redonnait le sourire. Elle m’invitait à créer. Elle me faisait rêver. Elle ensoleillait mes journées - et mes dessins. Et plus tard mes écrits.

La couleur, je la voyais partout. Même lorsqu’il n’y en avait pas beaucoup. La moindre petite tache de couleur me sautait aux yeux. Je ne me contentais pas de la voir : je la regardais. Tout le temps. Et je la cherchais. Je la recherchais.

La couleur, je me la suis appropriée très tôt.
Par le regard d’abord.
Puis par le geste.

Avec mes pinceaux, j'expérimentais des mélanges, je diluais les teintes trop foncées, je créais de nouvelles nuances, je découvrais les camaïeux. Je jubilais. Peu à peu, mes tâches de peinture se transformèrent en fleurs, animaux, personnages, soleil et nuages - toujours clairs.

Avec mes crayons de couleurs, je m'appliquais à colorier en estompant le trait de sorte que l'on ne devinât pas où était passée ma main.

Avec mes stylos, je traçais de belles lettres et usais, dès que je le pouvais, de la couleur, pour souligner, encadrer, entourer ou encore écrire. Je ne pouvais me contenter des classiques bleu ou noir, qui, utilisés seuls sur la feuille, la rendaient trop terne à mes yeux. Il y manquait la façon dont je percevais et voyais les choses : tout en gaieté.

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La couleur : un fil conducteur


Cette façon de voir et de vouloir mettre de la couleur partout ne m'a jamais quittée. Au fil du temps, elle a seulement revêtu de nouvelles formes. J'ai continué à en saupoudrer ma vie.
Elle m'a suivie.
Elle m'a accompagnée.
Elle m'a rassurée.
Elle m'a donné confiance.
Elle a ensoleillé mes journées, mes mois, mes années.

Elle a laissé son empreinte. Partout.

Sur mes cahiers d’écolière - et ceux de mes propres élèves.
Sur les murs de mes chez-moi - et ceux de mes classes.
Dans ma chambre d’adolescente - et celles de mes enfants.
Sur mes fiches de préparation de cours - et mes dossiers de création d’entreprise.
Sur mes dessins de petite fille - et ceux de ma marque d’objets et d’accessoires.
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La couleur est le fil conducteur de ma vie.

Elle est un phare.
Elle est un guide.
Elle me rassure.
Elle me raconte.

Je la veux tout le temps.

J'en ai besoin.
Parfois partout.
Parfois par petites touches.
Parfois, j'ai envie d'en recouvrir tous les pans de murs de chez moi - et de ma vie.
Parfois, j'ai juste envie de la distiller délicatement, ça et là.
Parfois, j'ai envie de toutes les couleurs à la fois.
Parfois, j'ai juste envie d'une nuance.

Où que je sois, je vois de la couleur.
Quoi que je fasse, j’applique de la couleur.
Quoi que je pense, j’imagine de la couleur.
Quoi que j’écrive, j’y mets de la couleur.


Le pouvoir des couleurs


Bien que la couleur ait toujours fait partie de ma vie, cela ne fait que quelques années que je me questionne réellement à son sujet et que j’essaie d’en percer les mystères et de mieux comprendre comment elle influence l’existence.

Récemment, au détour d'une promenade dans les rayonnages de ma librairie préférée, « la Griffe noire » - car il s'agit bel et bien, à chaque fois, d'une promenade ! - mon regard a été attiré par une couverture - pourtant loin d'être éclatante et remarquable - dont le titre ne pouvait que m'interpeler car il n'était pas celui d'un livre pour enfants ou d'un documentaire, mais d'un roman : « Les crayons de couleurs » de Jean-Gabriel Causse. La quatrième de couverture a achevé de me convaincre de le lire : suite à la disparition des couleurs, le monde n'est plus qu'un camaïeu de gris et l'humanité plonge dans la dépression.

Le thème du roman m'a aussitôt fait penser à un album que j'ai lu - et relu - à mes trois garçons et à mes élèves : « Le magicien des couleurs » d'Arnold Lobel. Parenthèse : ce livre a vu le jour l’année de ma naissance. Les couleurs et moi, c’était écrit, semble-t-il… Du moins, je me plais à le croire.

Bien que la situation de départ soit différente - dans « Le magicien des couleurs », le monde est, dès son origine, en noir et blanc, tandis que dans « Les crayons de couleurs », il devient noir et blanc - on ne peut qu’être interpelé par le regard - le même - porté sur la couleur et son incidence sur les émotions.

L'histoire relatée dans « Les crayons de couleurs », aussi légère puisse-t-elle paraître, n’en repose pas moins sur des fondements sérieux. Abordant d’une façon originale la puissance chromatique, elle questionne. L'intrigue, les personnages et l'humour font de la lecture de ce livre un moment anti-grisaille à souhait - comme je les affectionne. J'ai découvert que son auteur avait écrit auparavant « L'étonnant pouvoir des couleurs ». Avide d'en savoir plus sur le sujet, je me suis empressée de me procurer cet autre ouvrage.

J’ai toujours senti, pour l’avoir expérimenté au quotidien, que les couleurs me sont essentielles. Mais je ne soupçonnais pas à quel point elles influencent la vie de tout le monde. Apportant un éclairage passionnant et surprenant sur la couleur, les deux livres de Jean-Gabriel Causse invitent les lecteurs à entendre ce que les couleurs ont à dire afin que chacun les choisisse en pleine connaissance de cause - et non plus par hasard.

J’avoue qu’ils m’ont permis de mettre des mots sur un ressenti. Et sur ma propre perception des couleurs.

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Regarder autrement la couleur et lui accorder - enfin - la place qui lui revient


Désormais, je regarde la couleur autrement. Ni tout à fait différemment. Ni tout à fait comme avant. Mon regard n’a pas vraiment changé, il ne s’est pas altéré. Il s’est affiné, il a gagné en subtilité.

Je m’autorise - enfin - à accorder à la couleur une place encore plus importante que celle qu’elle occupait jusqu’alors.

J’ai décidé de cesser de considérer ma sensibilité à la couleur comme anodine et commune. Car elle est loin de l’être.

La couleur est partout et tout le monde la voit. C’est un fait.
Mais tout le monde ne la perçoit pas. Et quand bien même elle est perçue, elle l’est avec une acuité différente.
Tout le monde ne la regarde pas. Et quand bien même elle est regardée, elle l’est avec des yeux différents.
Et surtout, tout le monde n’est pas capable d’associer des teintes, de créer des harmonies, de choisir des coloris ou encore de concevoir des palettes chromatiques.

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De longues années durant, j’ai expérimenté la couleur.
Elle m’était un instrument avec lequel je faisais toutes mes gammes.
J’ai fini par l’apprivoiser et l’autoriser à enfin prendre la place qui lui revenait : j’en ai fait ma partition.

Aujourd’hui, elle est la source même de tous mes élans et projets créatifs.

Elle est l’âme de « V comme Samedi ».


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